A History of Violence

 

Un film de David Cronenberg

 

D’après la bande dessinée de Vince Locke et John Wagner

 

Avec Viggo Mortensen, Maria Bello, Ed Harris, William Hurt, Ashton Holmes…

 

Présenté au Festival de Cannes 2005, A History of Violence est le nouveau film de David Cronenberg, réalisateur entre autres de La Mouche, Spider ou encore le sulfureux Crash.

 

Ici, il s’intéresse à l’histoire d’un homme, Tom Stall, vivant dans une petite ville américaine, à l’abri de l’agressif monde extérieur. Une vie paisible entre son restaurant, sa femme, ses enfants. Un jour, deux hommes braquent son commerce et il les abat avec une fulgurante maîtrise de lui-même. Devenu un héros local, il est bientôt abordé par des malfrats de Philadelphie qui le prennent pour un certain Joey Cusack, auquel apparemment ils veulent plus que discuter…

 

Cronenberg filme une nouvelle fois sans faux-semblant, sans concession, la violence qu’il filme n’est autre que la violence de son histoire, sans surenchère inutile dans le glauque ou l’absurde par complaisance. Derrière le vernis de cette vie américaine apparemment paisible, qui s’effrite au fil des minutes, Cronenberg dresse également le constat d’une société qui est malade. Malade et violente depuis toujours, où l’auto-défense est érigée en liberté suprême par le puissant lobby de la NRA (National Rifle Association), mais aussi par la loi (l’Etat de Floride, gouverné par Jeb Bush, frère de… vient de promulguer une loi qui autorise les gens à TUER s’ils se sentent menacés).

 

Mais la violence ne mène qu’à la violence et à la destruction de tout, des repères, de la famille, de la morale et de la réelle liberté que l’on croit obtenir.

 

Derrière ses apparences et ces scènes tragi-comiques, A history of violence est une plongée franche et brutale dans cette société américain malade d’elle-même, où l’éthique, la morale (ne parlons de la pseudo-morale des neo-conservatives qui donnent seulement envie de vomir…), ont quasiment complètement disparu.

 

A history of violence est aussi l’histoire d’un homme sans histoire, qui pourtant semble cacher un passé et des secrets bien plus lourds qu’il ne veut l’admettre. Un passé que lui-même a oublié. Sous les apparences d’une vie de famille idéale dans une bourgade paisible de l’Amérique profonde se cache bien plus qu’un simple homme.

 

L’histoire d’une rédemption, d’une renaissance, symbolique mais aussi bien réelle.

 

Viggo Mortensen incarne le héros du film, Tom Stall, loin de son rôle d’Aragorn, du Seigneur des Anneaux, qui lui a permis d’asseoir une solide notoriété. Il joue ici un rôle difficile, un double rôle qu’il maîtrise à la perfection.

 

A ses côtés, Maria Bello (The Cooler et aussi vue dans Urgences), qui incarne sa femme ; Ed Harris, dans le rôle d’un malfrat défiguré par celui qu’il croît reconnaître en Tom, impressionnant.

 

Un casting de très bons comédiens, aucun ne cherchant à se mettre en valeur au détriment de l’histoire et de la cohérence du scénario.

 

Cronenberg réalise un film nerveux, brutal, portrait ironique et sarcastique de l’Amérique et de ses conventions morales.

 

Si A History of Violence est reparti de Cannes sans aucun prix, il reste néanmoins un film à découvrir, encore plus si la filmographie atypique de Cronenberg vous intéresse.

 

 

Arnaud Meunier

22/10/2005

 

 

Projection en avant-première du film A History of Violence, en présence de David Cronenberg, Viggo Mortensen et Thierry Frémeaux – UGC Ciné-Cité, Lyon, 21/10/2005

 

 

L’UGC Ciné-Cité de Lyon accueillait ce 21 octobre 2005 la projection en avant-première du film de Cronenberg, A History of Violence. Projection exceptionnelle puisque le réalisateur et l’acteur principal du film avaient fait le déplacement jusqu’à Lyon, en compagnie de Thierry Frémeaux, président du Festival de Cannes, qui a projeté le film en compétition en 2005.

 

Même si l’œuvre du cinéaste n’a pas connu de grands succès ces dernières années, Cronenberg reste toutefois très apprécié des cinéphiles pour la radicalité de ses films, marque de l’indépendance artistique.

 

Viggo Mortensen jouit d’une célébrité incontestée depuis l’incarnation d’un des rôles les plus forts de la trilogie Le Seigneur des Anneaux, de Peter Jackson, où il incarnait Aragorn.

 

Chaleureusement accueillis par une salle comble, les deux hommes, dans un français impeccable (merci au traducteur pour « le berceau » du cinéma, évoqué par Viggo Mortensen), étaient semble-t-il heureux d’être à Lyon pour présenter ce film, même si l’on peut regretter leur trop brève apparition et pas d’échange avec le public au-delà de la banalité de quelques mots.

 

Le public semble avoir été enthousiaste par rapport au film, qui n’épargne pas la violence de son titre.

 

Arnaud Meunier

22/10/2005